En Italie il y a des harpes chromatiques
depuis 1580, selon un théoricien de l’époque, Vincenzo Galilei, qui en décrit
une dans son traité « Dialogo della
musica antica e della moderna » (1581).
La arpa
doppia a deux rangées de cordes parallèles, de Do-re’’’ , et 58 cordes. La
main gauche joue sur les cordes diatoniques d’en bas jusqu’au do centrale, et
la main droite à partir de cette note jusqu’à en haut. La rangée chromatique
(c'est-à-dire, les demi-tons) se trouve de cette façon toujours de l’autre côté,
sauf quand on veut descendre en dessous du do central avec la main droite ou
monter au-dessus avec la gauche.
Voir schéma à gauche, qui vient dudit traité de
V.Galilei, les cordes aigues se trouvent en haut, et les graves en bas.
Ce système n’étant pas toujours satisfaisant, on a rallongé les rangées
diatoniques, la gauche vers le haut et la droite vers le bas, de la sorte de
créer une harpe avec trois rangées de cordes, ou arpa a tre registri. Mais le nom arpa doppia est aussi utilisée, puisqu’elle indique une harpe plus
grande (avec plus de cordes) qu’à la renaissance.
Image à droite : en haut une harpe avec deux
rangées de cordes et une forme assez renaissance, puis en bas une harpe avec
trois rangées de cordes, de forme plus baroque.
Il y a plusieurs exemplaires de très belles harpes triples qui survivent
aujourd’hui dont la harpe dite Barberini (voir figure1 en bas), ayant appartenu à la famille Barberini,
des très riches et puissants mécènes des arts dans la Rome du début du 17ième
siècle. Cet instrument mesure 2m20 et en haut figure le blason de la famille.
Une autre grande harpe triple se trouve dans le museo Civico à Bologna,
dont on pense qu’elle a été fait de deux instruments différents (voir figure 2)
La harpe dans la peinture de Domenico Zampieri (figure 3) en tout cas y rassemble beaucoup.
On trouve peu de
choses écrites sur la façon de jouer de la harpe, mais très clair est Agostino
Agazzari dans son traité Del sonare sopra’l basso
con tutti li strumenti e dell’uso loro nell conserto (1607) sur le jeux de la harpe il dit :
« On doit
rechercher toutes les possibilités de la
harpe double, instrument valable en tout, pour le dessus comme pour la
basse, par des pincements doux, de réponses des deux mains, avec des trilles,
etc. ; en définitive elle réclame un bon contrepoint. »
À droite les premières
mesures du solo de harpe de L’Orféo
opéra écrit en 1607 par Claudio Monteverdi.
En écoutant cette
musique, ou encore la toccata seconda (1615) de G.M.Trabaci, organiste et
harpiste à Naples, je vous invite de garder cette citation en tête…
La harpe était utilisée comme instrument
de basso continuo, jouant la basse et
des harmonies plus ou moins indiquées par des chiffrages, pour accompagner des
chanteurs et des instruments mélodiques, par exemple le violon, la flûte, etc.
Elle se jouait seulement à l’intérieur, avec d’autres instruments
« doux » tels la viole, le luth par exemple.
Et évidemment
elle était aussi utilisée pour jouer seule. Malheureusement l’instrument
n’était pas assez répandu pour pouvoir faire des éditions de recueils entiers
de musique pour harpe, comme il se faisait pour le luth, l’orgue et le
clavecin. Aussi souvent les harpistes jouaient d’autres instruments également
et la pratique d’adapter de la musique vocale ou instrumentale pour son instrument
était très répandue.